lundi 8 janvier 2018

Rhinos



Pour Noël, j'ai eu entre autres merveilles le livre portfolio du concours "Wildlife Photographer of the year" 2017.

Vous pouvez voir les photographies en lice cette année sur le site officiel du concours : http://www.nhm.ac.uk/visit/wpy/gallery/2017/index.html

La photo gagnante a été prise cette année par le photoreporter Brent Stirton. Je mets quelques vignettes ici, mais je vous invite surtout à aller admirer, sur son site, l'esthétique saisissante mise au service d'un travail d'investigation mené aux quatre coins de la planète : le projet "Rhino Wars II"

Je l'avoue, je ne connaissais pas réellement cette problématique, je savais simplement que les rhinocéros africains étaient soumis à une pression de braconnage énorme. Et puis, il y a eu cette histoire récente d'un rhino tué pour sa corne dans un parc français. Mais le sujet ne m'attirait pas plus que ça. C'est vraiment cette photo qui m'a troublée et incitée à me pencher sur le sujet.


Le braconnage des rhinocéros en Afrique a augmenté de 9 000 % en 10 ans. Non, je n'ai pas fait d'erreur dans l'utilisation de la touche "0". En cause : l'attrait pour la corne employée traditionnellement comme médicament, principalement au Viet-Nam, dans une moindre mesure en Chine et en Thaïlande.


Avec l'élévation du niveau de vie dans ces pays, les classes moyennes ont désormais accès à ce médicament "de luxe" employé entre autres pour guérir les troubles urinaires, rénaux, et même les cancers, mais dont l'efficacité n'a jamais pu être démontrée...La demande est extrêmement forte et a suscité un trafic hyperorganisé et très lucratif.



Récemment, cet homme qui pose devant des trophées et son associé, des Sud-Africains, ont obtenu la légalisation du commerce de corne de rhinocéros en interne, en Afrique du Sud :


Ils soutiennent qu'élever les rhinocéros dans des fermes pour prélever leurs cornes, qui repoussent ensuite, et répondre ainsi légalement à la demande, serait la solution idéale au braconnage et aux massacres sauvages... Les associations de protection rétorquent que cela stimule la demande en la légitimant. La vraie solution réside plutôt dans le combat contre l'ignorance. En outre, ce commerce légal permet évidemment le blanchiment de cornes issues du braconnage, qui génère la mort de plus d'un millier de rhinocéros par an, rien qu'en Afrique du Sud...





Cette photo de Brent Stirton a été très diffusée sur les réseaux sociaux. On y voit Soudan, un des trois derniers rhinocéros blancs du Nord. Cette sous-espèce est aujourd'hui considérée comme définitivement éteinte, car le reliquat de population et d'ADN disponible en labo ne permettra pas de reconstituer des populations saines, en raison d'une trop grande consanguinité.

En Afrique, on trouve d'autres sous-espèces de rhinocéros blancs. Cette espèce, considérée comme éteinte au 19e siècle, a pu être sauvée grâce à une petite population de 100 animaux qui ont fait l'objet d'un plan de protection drastique. Aujourd'hui, ils sont 20 000 ! De quoi garder espoir pour l'autre espèce de rhino africain, le rhinocéros noir, le plus braconné : eux ne sont que 4 000 environ et leur situation est critique...

Les deux hommes armés visibles sur la photo sont des grade-chasses. Leur attirail peut paraître impressionnant, mais il faut savoir que les braconniers, travaillant pour des réseaux organisés à l'échelle mondiale, sont équipés d'hélicoptères, de capteurs à infrarouges et d'armes de pointe. A l'heure actuelle, une véritable course à l'armement se joue entre gardes et braconniers. On peut donc bien parler de "rhino war".





Les braconniers utilisent souvent des fléchettes anesthésiantes pour éviter le bruit des armes à feu qui pourraient les faire repérer. Ils tronçonnent les cornes sur les animaux vivants. Sur cette photo, Hope, une femelle rhino qui a bénéficié de plus d'un an de chirurgies réparatrices et de soins intensifs dans un centre de soin. Hope a fini par se remettre de sa blessure, mais une maladie l'a emportée.





Pour les petits des femelles abattues par les braconniers, c'est la mort assurée car ils sont incapables de se défendre contre les prédateurs. Ce bébé a été attaqué et blessé par des hyènes, mais une équipe l'a recueilli à temps. Les bébés rhino qui voient leur mère se faire tuer souffrent ensuite de graves troubles psychologiques. Normalement, les mères prennent soin d'eux jusqu'à ce qu'ils aient trois ans. Le lien d'attachement entre la mère et son petit est très fort dans l'espèce.



Actuellement, la lutte pour sauver les rhinocéros africains passe par ces axes (je ne parle pas des rhinocéros asiatiques, les problématiques sont autres et concernent surtout l'espace, je ne connais pas vraiment la question) :

- informer au maximum les populations consommatrices de corne pour tarir la demande

- équiper correctement les gardes pour qu'ils soient efficaces face aux braconniers

- compter sur les autorités pour mettre en place les dispositifs légaux, policiers et judiciaires nécessaires au démantèlement des trafics.

Alors, évidemment, nous les Européens, on ne se sent pas forcément super concernés, et on ne peut pas faire grand'chose au quotidien. Mais bon. Je vous donne quand même le lien vers le dossier du WWF, si vous voulez en savoir plus : https://www.wwf.fr/especes-prioritaires/rhinoceros

Et puis quand même, pour donner un petit coup de pouce en se faisant plaisir ou en offrant un cadeau original et sympa à un enfant amateur, la jolie peluche rhino proposée par leur boutique : https://boutique.wwf.fr/peluches/783-rhinoceros.html?utm_source=site_wwf&utm_medium=cta&utm_content=rhinoceros



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