jeudi 26 juillet 2018

Nawak, dix mois



Dix mois déjà mon bébé chien !

Et j'appréhende un peu de me lancer dans la description du mois qui vient de s'écouler, tellement j'ai peur que ce soit long ! Il y a eu tellement de découvertes, tellement de changements !

Alors : commençons par satisfaire les Cassandre. Il y a eu un genre de "crise". Le réveil du Terribeul Terrier ? ... Je n'irai pas jusque-là. Et, franchement, je suis bien embêtée pour expliquer exactement ce qui s'est passé, et ce qui se passe encore en fait, mais... tentons une description factuelle.

Quasiment du jour au lendemain, vraiment, sans exagérer, nous avons assisté à une métamorphose, ou peut-être est-ce une éclosion ? Toujours est-il que Nawak a brutalement changé, son niveau d'énergie au quotidien a augmenté drastiquement. Dans certains domaines, c'était du pain béni : la progression dans le domaine jeu/course/poursuite/drive a été spectaculaire. Sous d'autres aspects, j'ai été un peu déconcertée : premières destructions dans la maison (rien de dramatique, rassurez-vous), premiers "refus d'obtempérer" avec une petit loute qui s'est découvert une passion pour la traction en laisse au point de refuser de manger pour pouvoir continuer à tirer, premières difficultés à occulter les distractions, premiers rappels foireux...

Bon, je me suis un peu demandée qui m'avait subtilisé mon petit chiot tout mignon pour le remplacer par ce petit démon... et puis, j'ai juste pris acte des nouveaux paramètres, et j'ai travaillé à partir de ça. Se crisper sur des exigences à base de "elle en est capable, puisqu'elle le faisait hier", et du coup entrer en conflit, même gentiment, avec elle, était tout à fait exclu : ce n'est souhaitable avec aucun chien ; mais avec une Nawak, qui ne tolère pas la contrainte et tout ce qui peut lui apparaître comme contrevenant à sa liberté de choix, j'ai senti que ça pourrait vite tourner au désastre et à la rupture complète de coopération.

Donc, j'ai simplement fait comme avec un chien que je viendrais de rencontrer : j'ai récompensé les propositions d'attention et les propositions de rappel en balade ; j'ai travaillé à mort les auto-contrôles en repartant du niveau zéro ; et j'ai augmenté graduellement les difficultés. Parallèlement à ça, j'ai pris acte qu'elle nécessitait désormais peu ou prou le même niveau de défoulement physique qu'un adulte en pleine forme comme Mugen, et beaucoup d'objets à ronger pour s'occuper à la maison. Nous n'avions jamais eu un chien capable de dégommer les bois de cerfs aussi vite. Je lui prends désormais les plus grands que je puisse trouver.

 Finalement, nous avons récupéré le rappel et les capacités d'attention en quelques jours. Actuellement, nous travaillons toujours sur la situation la plus difficile : être calme pendant que Mugen fait de l'agility. Mais je suis très étonnée des progrès. En fait, elle est même encore meilleure qu'avant sur les autocontrôles, parce que là, elle a vraiment matière à bosser. Elle doit vraiment se déchirer et se donner du mal. Et c'est là qu'on voit qu'elle a parfaitement compris quoi faire.

Au début, j'ai été un peu embêtée, genre "crise d'ado, on est partis pour des mois de galère..." En fait, presque aussi rapidement que les difficultés sont apparues, elles ont disparu. Elles peuvent revenir, bien sûr, mais il semblerait que reprendre juste les bases sans jamais la braquer ou nous braquer, suffise amplement à récupérer la sauce, voire à passer au niveau supérieur.

J'en ai quand même parlé à Silvia, car je ne sais vraiment pas quoi penser de cette histoire de crise d'adolescence chez le chien. Les avis sont partagés : pour certains, ça n'existe pas, pour d'autres si. J'ai toujours vu mes chiens changer avec l'âge, mais ce n'était pas forcément vers le pire... Il me paraît évident que les hormones doivent jouer un rôle, mais dans quelle mesure, sur une chienne stérilisée avant même ses premières chaleurs ? Le côté hyper soudain de ce changement m'interpelle, en outre. Silvia, elle, a suivi Nawak quasi quotidiennement ces deux derniers mois. D'après elle, l'évolution est logique et aurait pu survenir aussi bien sur un chien de trois ans : Nawak et moi avons travaillé comme des malades pour construire du drive. Et c'est une réussite (d'ailleurs, je n'en reviens toujours pas !). Le prix à payer en est une régression des autocontrôles, régression temporaire si on fournit au chien les bons outils pour gérer. Espérons que ce soit le cas !

Cela dit, honnêtement, Nawak reste un jeune chien extrêmement facile à vivre et motivée pour le travail. Saison oblige, nous passons un temps fou en extérieur à nous balader et à nager ! Nawak adore nager. C'est un véritable petit poisson. On a aussi fait des sorties au marché, en ville, pour vérifier qu'elle n'avait toujours pas de souci avec tous ces trucs. Ben non. Toujours pas. Et en plus, elle adore frimer pour se faire flatter et récupérer de la bouffe auprès de tout le monde !





J'avais dit que je tiendrais au courant des avancées de la classe chiot avec Silvia. Donc, au cours de ce mois, on a continué à travailler sur différents exercices de la leçon 3, notamment sur le pee trick. Dans cette vidéo d'il y a 3 semaines, je commence à nommer chaque patte arrière :



Elle adore ce trick, nous l'utilisons beaucoup. J'ai nommé chacune des 4 pattes (pee, ola, patte, l'autre) histoire de me simplifier certains apprentissages.

Et voici les exercices de la leçon 4, en commençant par les 3 obligatoires.

1) "glued to the leg". Là-dessus, Nawak était déjà une pro sur les déplacements latéraux, et vers l'avan, mais, mais... nous n'avions encore jamais adressé la MAP en arrière ! Et Guillaume a immortalisé nos tous premiers pas ensemble vers l'arrière :)


Alors en fait, le montage vidéo est trompeur. Chronologiquement, j'ai commencé par lui apprendre à reculer en MAP entre mes jambes. Ceci parce que j'ai été confrontée à une difficulté technique : au début, quand je reculais la jambe à laquelle elle était collée, elle interprétait ça comme un signal pour pivoter vers l'autre jambe. Elle ne pensait pas à reculer. Vous voyez ce que je veux dire ? Alors, j'ai eu l'idée de lui apprendre d'abord à reculer entre mes jambes. Ca lui ôtait cette option de pivoter d'une jambe sur l'autre. Une fois qu'elle a vu le mouvement et qu'elle a enregistré ça comme une option possible, elle était tout à fait d'accord pour le faire ensuite à mon côté. Voilà, du coup, elle a maintenant de belles MAP dans ces 3 positions.

2) Side legs : l'évolution, comme annoncé, du pee trick. Pas vraiment de souci avec ça ; pour le moment, je n'ai pas effacé le support, on n'a jamais tenté de le faire "dans le vide" ; mais Nawak peut le faire sur des supports et dans des lieux variés.

3) Hug the pole : elle le connaissait déjà avant la classe, on l'a juste rafraîchi. C'ets un trick tout mignon, un des préférés de Fast aussi.



Les facultatifs sont :

4) "run fast" cue. Celui-ci, on l'a posé sur les rappels, la seule situation où elle bombait vraiment il y a encore peu de temps. Vous pouvez voir des rappels et le "allez allez" que je dis dans les premières vidéos de la classe, peut-être à ses 7 mois. Je crois qu'elle le comprend vraiment bien maintenant : parfois, ça m'arrive de lui dire quand on joue à la balle (elle ne ramène pas toujours la balle à fond), et elle accélère clairement. Mais je le fais vraiment peu, pour éviter de le ruiner.

5) One into another : j'ai peu de vidéo de celui-là alors que c'est celui sur lequel on a passé le plus de temps. Il a été assez compliqué à avoir, c'était parfois frustrant. Nawak a très vite identifié le critère "faire du bruit" et actuellement, elle pense toujours un peu que c'est une histoire de bruit. Elle a tendance à jeter l'objet de très haut, avec un important mouvement de tête, pour que ça tape fort. Le concept "poser dedans" reste assez flou. Depuis cette vidéo, nous avons donc généralisé à tous types possibles d'objets et de contenant. Et maintenant, pour aider Nawak à bien comprendre, j'utilise majoritairement des objets minuscules (des bouchons de bouteille en plastique par exemple) à mettre dans des contenants hauts et étroits, comme des verres. Elle s'en sort super bien ! Hier, j'ai commencé aussi à utiliser ma main comme contenant. Nawak continue un peu de jeter les objets avec enthousiasme, et elle vise bien, elle n'en est pas encore à déposer, mais ça viendra avec la pratique :)



6) absence. Celui-là, on en a besoin pour de vrai parce qu'on va passer le caesc bientot. La distance, ça va ; ce qui est dur pour elle, c'est quand je bouge à côté, spécialement quand elle est excitée soit par une idée de MAP, soit par une balle. Mais bon, ça va.








Voilà voilà pour les exercices de la puppy class. Après, on a aussi fait des cavalettis dans une échelle, en marche avant et marche arrière, et je suis toujours aussi contente de ses excellentes capacités proprioceptives. Elle est super adroite et agile. Pas de vidéos, par contre, mais si je le refais, il faudra que j'y pense.


Et !!! la grande nouveauté, c'est le début de la classe de running ! :)

Un mot sur mon ressenti tout d'abord. Désolée, je documente tout. J'ai eu un petit "choc" en entrant dans la classe de running. La puppy class, c'est génial, c'est bon enfant, hyper convivial. Il y a toutes sortes de chiens (bon, ok, surtout des Borders et des Shetlands) et toutes sortes d'humains (bon, ok, surtout des agilitistes). Il y a des chiens comme Nawak, bizarres, ou sans race, ou des géants qu'on n'attend pas forcément sur les tricks, et des gens dont c'est le premier chien, ou qui veulent un petit chiot éveillé et bien éduqué pour la vie de tous les jours.

La classe de running : c'est un autre univers. On est là pour taper dedans. Les gens, ou plutôt les handlers, déroulent leur palmarès de concours avec leurs 5 ou 6 chiens (tous champions) dès le premier post de présentation. Si le chien a plus d'un an, on a même souvent déjà son temps sur la passerelle (moins de 2 sec), accompagné de ses mensurations. Ils expliquent qu'ils veulent gagner du temps sur leurs contacts, qu'ils visent les championnats du monde, des trucs comme ça. Tous les chiens sont des Borders, Kelpies, Pyrénées ou Shetlands. Quelques rares cockers et caniches se baladent, mais dans ce cas, on prouve (ou au moins on essaie), vidéo à l'appui, que ce sont quand même des chiens qui envoient du lourd. Et moi, je suis arrivée en disant "Bonjour ! Je cherche plein de façons de me marrer avec mon rataillon de fourrière et le running, ça a l'air sympa..." Bref. J'avoue être un peu intimidée, mais ça a aussi un côté rassurant : j'ai l'habitude d'être inintéressante et je me sens plus à l'aise quand on ne fait pas attention à moi.

On a démarré et on s'en sort vraiment bien pour l'instant. Evidemment, on n'aura pas les passerelles en 1.4 secondes, mais je m'en fiche. Ca m'impressionne comme Nawak a vite capté le jeu, on a commencé il y a 2 semaines. Au début, on a rafraichi le shaping sur le tapis et le 4 in. Ensuite, on a commencé à faire des turns :



Et, truc de dingue : lundi, je me suis dit "elle a bien le mouvement maintenant, il est bon même à gauche. Je crois que le jouet pourrait l'accélérer".



Est ce que vous vous rendez compte ? Utiliser le jouet pour accélérer Nawak ? Genre, il y a deux mois, c'était presque de la science fiction de la faire travailler pour un jouet. Elle a accepté de jouer à la balle en dehors du jardin pour la première fois le 20 juin. Depuis, on l'a utilisée partout, y compris au club, en concours, dans l'eau, en balade... et j'en suis à l'utiliser dans le travail. A avoir la chienne qui court après sa balle après avoir entendu le click. C'est ouf. Sincèrement, si elle ne fait jamais une seule zone de sa vie, je m'en carre. Cette chienne, je l'adore, j'adore son parcours, j'adore les surprise qu'elle me fait, pour moi c'est une championne internationale de tout.

Ah oui, une dernière chose : vous ne trouvez pas qu'elle est GRANDE ? Parce que, récemment, ça m'a interpellée. Je l'ai mesurée de nouveau. Donc, oui, elle a bien refait une jolie petite poussée de croissance de derrière les fagots juste après sa grosse maladie. Elle mesure 44 cm maintenant. Pour 8.5 kg. A 10 mois, j'espère sincèrement qu'elle a terminé !
























mercredi 25 juillet 2018

Mini-rando du 25 juillet 2018



Ce matin, on est allés se balader avec Fast dans un coin où il y a énormément d'oiseaux sur les étangs.



Comme souvent ici, une cigogne rôde qui nous observe. Je prends ça pour un encouragement, et j'en ai bien besoin. Il est tôt mais il fait déjà chaud et les chaussures sont lourdes.




Presque à chaque fois que nous longeons un étang, Fast s'octroie la traditionnelle pause pour boire et patauger.




Ca lui donne un look vanille/chocolat bien à lui, avec parfois en prime le côté "meringue posée sur quatre cure-dents" quand il se trempe à fond les pattes et pas du tout le reste.

Nous nous dissimulons dans un énorme mûrier pour observer les oiseaux. L'étang est très vaste et abrite toutes sortes d'espèces. Je ne les connais pas toutes, mais je peux au moins nommer les hérons cendrés, hérons bihoreaux, aigrettes garzettes, foulques macroules (merci Margue !) et plusieurs canards différents (mais lesquels ?). En hiver, on voit ici beaucoup de cormorans, mais ils doivent migrer ensuite.













Les habitants de l'étang évoluent dans une cacophonie pas croyable. Avec Fast, immobiles et silencieux, on se sent au spectacle, nichés dans notre haie. C'est pour ça que je vais garder ces photos, elles n'ont pas d'intérêt objectif, mais elles me rappellent comment ça faisait, d'épier à travers les feuilles.






Ca revient souvent, cette sensation d'une scène, d'un décor de théâtre dressé pour un spectacle, quand on voit les étangs depuis une trouée végétale. J'aime aussi les reflets des feuilles dans l'eau.




La perspective ici m'a troublée : brun - jaune - vert - bleu, sans vraiment de profondeur. On aurait dit ces petites bouteilles souvenirs remplies de sables de différentes couleurs.




Fast préfère les sentes de forêt. Il demande à jouer, car, sous ses dignes dehors, il a gardé son âme de chiot.







Des génisses profitent d'un petit reste de fraîcheur matinale. Elles n'ont d'yeux que pour Fast, et je les comprends.



Ce panneau aiguise ma curiosité : j'espère, j'espère que nous rencontrerons le fay ! Dans un endroit qui s'appelle Joyeux, ça doit être possible quand même.






Point de fay en vue, mais nous profitons d'une halte au bord d'un autre magnifique étang pour partager une banane.



Et voici un petit gars bien impromptu, bien effronté de se chauffer ainsi sur le bitume de la petite route ! Et si c'était lui, le fay ?






Fast n'a aucune envie de se faire voler la vedette, et prend la pose, sur le thou du dernier étang. C'est déjà l'heure de rentrer se mettre au frais.

Le bon côté de la barrière




Je vis derrière des barrières. Pas des barrières vraiment clivantes ; ce sont de grandes claies de roseaux ; elles me permettent de voir mes semblables, et même de les toucher. Je peux étreindre et aimer un certain courageux, qui ne s'effraie pas des barreaux, qui vient contre parce qu'il m'aime. (Je l'aime aussi).

Parfois, je regrette que ces barrières ne soient pas étanches, opaques, blindées : si elles autorisent une certaine forme de contact, elles ne me protègent guère en contrepartie. Les caresses et les baisers des uns ne font pas toujours oublier le reste. Je regarde vivre les autres sans pouvoir en être, et le pourrais-je qu'ils ne le voudraient pas sans doute. Eux aussi me regardent vivre à travers : que se passerait-il s'ils pouvaient m'atteindre ? Je ne m'approche qu'en de rares occasions, j'ai bien trop peur qu'une main furtive se jette vers moi, m'agrippe, me plaque aux claies, et alors, et alors... Non : bien trop dangereux.

Souvent, je m'attriste d'être du mauvais côté de la barrière. Celui où il n'y a que moi. Le bon côté, c'est celui des autres. De mon grand amour mêlé aux anonymes et aux monstres.

Alors, mon ami de ce coté de la barrière vient me trouver. Il trotte aérien dans la brume sans un son, il lève vers mon visage son visage d'ombre aux yeux sombres fendus. Nous appartenons à ce côté de la barrière. Il est le bon côté, puisqu'il est le nôtre.








lundi 23 juillet 2018

Paï Paï et Mister Pickles





Juste quelques portraits de Paï Paï et Mister Pickles pris pendant leur sieste de l'après-midi.

Lors de la dernière vague de canicule, j'ai vraiment cru que c'était fini pour Païou, qu'il allait rejoindre Onyx partie il y a quelques mois. Il a fait un arrêt de transit, il ne voulait plus manger, il en avait assez. On a réussi à le faire repartir mais c'est un petit miracle. Il a repris tout l'appétit et le poids perdu cependant, et j'espère pour lui une vieillesse aussi longue et heureuse que possible. Il va sur ses huit ans. Pickles a eu six ans le mois dernier, enfin c'est une estimation, il était déjà adulte quand il a été abandonné dans un square.

Pickles, quant à lui, est toujours un peu timide, peut-être légèrement moins depuis le départ d'Onyx - la vie "entre couilles" lui réussit, comme dit Guillaume (finesse, toujours). Les deux sont devenus de plus en plus proches. Comme ils sont très calmes et de tempérament relativement similaires, ils vivent en bonne intelligence une paisible retraite commune.

Ces photos ne sont pas bien jolies, mais je voulais réussir à avoir l'exacte couleur d'yeux de Pickles (un bleu-gris très expressif) et c'est chose faite, je suis plutôt contente.

Denise au Ventoux, de Michel Jullien



Voilà, il attendait depuis septembre dernier, je l'ai enfin lu la semaine dernière. Je l'avais acheté et ramené chez moi sans le connaître, sur la foi d'un prix littéraire animalier. Je l'ai ouvert, j'ai jeté un oeil sur un incipit prodigieusement indigeste et constaté que chaque phrase occupait en moyenne une double page. Evidemment, j'ai évoqué Proust, n'est pas Proust qui veut, n'est-ce pas, et puis pour parler de la perfection et de la simplicité d'un chien, il faut l'écriture parfaitement simple et simplement parfaite d'un Mizubayashi, rien de moins, mais surtout, surtout : RIEN de plus.

J'ai donc lapidairement collé l'étiquette "se touche la nouille - à n'ouvrir qu'en cas d'extrême pénurie" sur la couverture jaune. Et je l'ai oublié.

Je me suis ressouvenue récemment, à force de virées sac au dos et chien au côté, que ce Denise parlait justement de ça, d'un type qui randonne sur le Ventoux avec son chien. Alors pourquoi pas.

Denise, c'est une chienne Bouvier Bernois plutôt poissarde : l'appartement de Paul est sa cinquième résidence, en cinq années d'une existence pourtant brillamment démarrée comme élève chien-guide d'aveugle. Inapte à ce destin parce que froussarde en plus de poissarde, la chienne est réformée, puis change de mains, et passe par la SPA de Gennevilliers, où elle est repérée par Valentine, l'une des voisines de Paul, en quête d'une compagnie canine pour partager ses 9 m2 de mansarde parisienne et l'inciter à davantage de sorties. Et de là, victime une fois de plus de l'inconstance humaine, Denise atterrit finalement chez le narrateur ; non que Paul apprécie particulièrement les chiens, mais parce qu'il est ce genre de brave type qui fait de son mieux pour aider les animaux juste parce qu'il considère ça comme son job d'être humain.

Pour mes périples en rond, je tâchais d'éviter l'heure coutumière à laquelle les maîtres descendent ensemble leurs chiens, comme s'ils s'étaient donné le mot - et tout se passe à quelques minutes près tant ils sont réglés, plus encore que leurs bêtes de compagnie. On s'expose à des rencontres navrantes, toujours les mêmes. Le type a d'emblée cette façon, cette manière à lui de vous approcher, de vous reconnaître comme un semblable parmi les mille habitants de la rue. Dès l'abord ses manoeuvres variaient peu, faites de réserve et d'invites, un jeu du verbe codé. Il s'adresse en grande intimité à son propre animal, parlant de l'autre, à voix haute, sous forme interrogative le plus souvent, liminaires infantiles destinés plus à moi qu'à sa bête. "Mais il est trop grand pour toi !" - car Denise est bien grande -,  "Tu crois qu'il veut jouer ?" [...]
Des gens du chien, je préférais de beaucoup ceux qui changeaient  de trottoir, aperçus cent fois, ni un mot ni un regard quoiqu'à la longue nous touchions à une connivence mieux mûrie, plus exacte, forgée sur aucun bavardage.

Oui, hein ? Evidemment que je l'ai aimé, ce personnage.

J'ai aimé chaque personnage, en fait, chaque description si juste, avec ce simple petit pas de côté où se glisse le drôlatique. La petite boutique de reliure d'Adèle et Valentine avec les coquilles d'oeufs blancs, l'exaspérant Van Gennep qui fait une industrie de la chance et de Van Gogh, Eliette qui donne du bisteck à Tonnerre, la mansarde minuscule emplie de natures mortes. Les seules descriptions que je n'ai pas goûtées avec plaisir sont celles du chien, bizarrement. Peut-être parce qu'elle s'est un peu imposée à lui, peut-être parce qu'elle n'est pas du tout son chien, comme il le répète à l'envi jusqu'au moment où il la perd et où elle le devient ("je cherche mon chien" dit-il alors, la phrase incongrument la plus courte et la plus choquante du livre, je crois). Toujours est-il que les descriptions de Denise enflent jusqu'à l'excès, excès de mots, phrases accordéonesques presque impossibles à démêler, et la dépeignent comme une sorte de monstruosité canine démesurée. En même temps, si je vivais dans Paris avec un Bouvier Bernois au quatrième étage d'un immeuble sans l'avoir franchement désiré, je suppose que je le trouverais un peu disproportionné, moi aussi.


Comme tous les bons livres parlant des chiens, la thématique du temps y est centrale. Comme chez Mizubayashi, d'ailleurs. Mélodie, Denise, et tous ces chiens de compagnie incarnent l'attente. Tous les gens qui vivent avec des chiens parlent de cela, d'ailleurs. Le compte à rebours du quotidien. La pendule tictaquant toujours, toujours, indéfiniment, quelque part au-dessus de la tête, et cette conscience aiguë qui si le chien n'est pas avec nous c'est qu'il attend quelque part. Je crois que les chiens sont faits d'attente comme les chats sont faits de jouissance. Je crois qu'une part essentielle du chien se trouve dans cette anticipation du retour. Je crois que ces heures qu'il passe dans l'attente, ni tout à fait présent à lui-même, ni tout à fait absent de ce corps limitant, sont les plus grands paradoxes de sa vie. Peut-être un mystère spirituel, à leur échelle ? Comment être là, moi, chien, alors que je souhaite tant être ailleurs, être autre, et quoi ? Je ne sais pas. Bon, enfin, ça c'est moi qui le dis, hein. L'auteur, lui, oppose beaucoup notre verticalité à leur horizontalité, d'assez jolie façon.

Lorsque l'homme flatte son chien, sa main passant sur la tête, le dos, sur les flancs de long en large, ce n'est peut-être pas tellement le principal, l'expérience d'une caresse qu'ils s'offrent, mais le partage éphémère des lignes adverses qui sont les leurs, par quoi l'un et l'autre vivent l'équilibre du même monde. La fierté du chien à l'instant - celle du maître aussi - vaut sans doute autant pour la cajolerie qu'il ne sent l'homme le rejoindre, campé dans une autre orientation, capable de se soumettre à son centrage, s'y plier. 

L'amitié mémorielle du chien et de l'homme tient à ça, au hasard d'un rapport proportionnel tirant dans deux directions que rien ne rassemble, ce qui fait d'eux une rose des vents, une boussole, l'axe cardinale de la fidélité. 

Les passages philosophiques sont très brefs, j'aurais aimé qu'il en soit de même pour les descriptifs de Denise, mais l'ensemble est insérée dans une jolie narration, très imagée, avec des références à l'art pictural dénuées de tout pédantisme et parfaitement à leur place, avec un souci du détail qui fait mouche vraiment sympa. Globalement, j'ai adoré. Par contre, attention : c'est parfois drôlement triste. A ne pas lire n'importe quand !


jeudi 19 juillet 2018

Randonner avec Fast



Fast a (presque) toujours été un chien de rando absolument fantastique (oui, il fut un temps où il était un jeune foufou un peu inconscient sur les bords). Mais très vite, il a révélé des qualités d'endurance,  de calme, d'écoute, d'attention et de compréhension des situations qui en ont fait mon complice idéal. Il est quasiment infatigable à allure modérée, et en plus, il a une texture de coussinets parfaite, inusable, et je n'ai même pas à m'occuper de ses pieds, en dehors d'une petite coupe de poils par-ci par-là.

Voici quelques photos souvenirs de nos années de rando.





























A l'été 2015, je décide de me mettre à courir. Principalement pour aider Fast au mieux sur les parcours d'agility. Vous connaissez la suite de l'histoire : je me suis prise au jeu, à tel point que Fast et moi avons couru sur près de 1100 km (1079 km très exactement) de septembre 2016 à juin 2017. Incidemment : ça ne laissait plus tellement de place pour l'agility :) Je continue de guetter les journées d'été pas trop chaudes où il pourrait m'accompagner sur des runs courts, mais...

... mais depuis quelques temps, Fast vieillit. Et plutôt pas très bien. C'est assez éprouvant pour moi, évidemment, alors je ne m'étendrai pas. A quelque chose malheur est bon : il lui est devenu un peu difficile de fournir certains types d'efforts physiques, mais nous pouvons continuer de vivre de passionnantes aventures ensemble grâce à des minirando que j'organise rien que pour lui dans notre joli pays des Dombes.

Voici nos escapades des deux dernières semaines :





Sur cette randonnée, nous avons pu voir 2 chevreuils. Je mets les photos prises pendant l'approche du premier.















Le deuxième, nous ne l'avons pas vu très longtemps. J'ai pris une petite vidéo de lui, sans le faire exprès (j'ai un appareil photo super chouette mais je ne comprends pas vraiment comment m'en servir !), alors qu'il regagnait le sous-bois. Je ne m'attendais pas du tout à le voir là, sur une petite portion de bitume entre deux chemins forestiers.











Le paysage des Dombes est désespérément trop plat à mon goût, mais il fourmille d'étangs. C'est vraiment la configuration parfaite pour randonner avec un chien dans la condition de Fast. A condition, bien sûr, de veiller à ce qu'il y ait suffisamment de parties boisées ou au moins ombragées sur l'itinéraire. On peut observer énormément d'oiseaux, mais je ne suis pas assez calée pour les photographier. Ce jour-là, nous avons notamment passé un long moment à observer six faucons crécerelles qui chassaient au-dessus d'un champ à foin tout juste fauché : je pense qu'ils profitaient de la déroute des rongeurs. Il y a aussi beaucoup de hérons, d'aigrettes, de poules d'eau et de canards sur les étangs.






Les écluses permettent de remplir et vider les étangs. Un étang vidé, ça ressemble à une prairie. Parfois, on y trouve un petit canard en pierre, mais je ne sais pas à quoi ils servent.







Fast adore aller boire dans chaque étang. Il en profite aussi pour plonger sa tête sous l'eau. Il a toujours fait ça, depuis tout petit, c'est pratique pour le rafraîchir, et ça le met visiblement en joie !










En ce moment, on fait aussi de l'obéissance à la maison. On travaille les blocages. Fast commence à connaître beaucoup de choses en obéissance, et ce n'est pas si facile de trouver à le challenger ! D'où d'ailleurs, la très grande confiance que j'ai en lui pour l'amener partout. Il a un bon rappel, de bons blocages, une bonne marche au pied, il connaît la droite et la gauche, il sait serrer sur le côté à la demande (si on croise une voiture par exemple), il peut marcher en file indienne avec moi devant ou derrière (super utile à apprendre à un chien, ça !), et il est super calme en laisse pour les parties où j'ai besoin de le rattacher. Même s'il y a des animaux sauvages, du bétail, d'autres chiens. Il peu facilement être impressionné de certaines difficultés, il pense qu'il ne peut pas le faire, mais il compense en me faisant doublement confiance, et ça passe toujours très bien.