mercredi 25 juillet 2018

Le bon côté de la barrière




Je vis derrière des barrières. Pas des barrières vraiment clivantes ; ce sont de grandes claies de roseaux ; elles me permettent de voir mes semblables, et même de les toucher. Je peux étreindre et aimer un certain courageux, qui ne s'effraie pas des barreaux, qui vient contre parce qu'il m'aime. (Je l'aime aussi).

Parfois, je regrette que ces barrières ne soient pas étanches, opaques, blindées : si elles autorisent une certaine forme de contact, elles ne me protègent guère en contrepartie. Les caresses et les baisers des uns ne font pas toujours oublier le reste. Je regarde vivre les autres sans pouvoir en être, et le pourrais-je qu'ils ne le voudraient pas sans doute. Eux aussi me regardent vivre à travers : que se passerait-il s'ils pouvaient m'atteindre ? Je ne m'approche qu'en de rares occasions, j'ai bien trop peur qu'une main furtive se jette vers moi, m'agrippe, me plaque aux claies, et alors, et alors... Non : bien trop dangereux.

Souvent, je m'attriste d'être du mauvais côté de la barrière. Celui où il n'y a que moi. Le bon côté, c'est celui des autres. De mon grand amour mêlé aux anonymes et aux monstres.

Alors, mon ami de ce coté de la barrière vient me trouver. Il trotte aérien dans la brume sans un son, il lève vers mon visage son visage d'ombre aux yeux sombres fendus. Nous appartenons à ce côté de la barrière. Il est le bon côté, puisqu'il est le nôtre.








2 commentaires:

  1. Oui, c'est le bon côté puisqu'il est le nôtre <3

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    1. Merci 😊 il y a plein de choses incroyables à vivre de notre côté, je crois.

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