lundi 16 octobre 2017

Mais qui est le Quatrième Chat ?


Quand j'ai eu Christophe au téléphone après lui avoir annoncé par mail que nous allions garder Gredin, il m'a dit : "VOUS ??? Vous allez garder un chaton ??? Eh ben... il doit vraiment être TRES spécial, ce chaton...". Tant est grande notre réputation de coeurs de pierre inaccessibles à la tentation.

Alors, en effet, il est TRES spécial, ce chaton.

Déjà, par son histoire : ramassé subclaquant non loin d'un site de nourrissage, la maladie, les parasites et la faim ont failli le tuer, puis les vermifuges ont failli le tuer, et ensuite, ce sont les antibiotiques qui ont failli le tuer. Ce chaton, je l'ai porté dans mes bras, dans ma tête et dans mon coeur pendant des semaines, sûre que je ne devais pas trop m'attacher parce qu'il risquait à tout instant d'y rester, et certaine à la fois que je devais y mettre un supplément d'âme pour qu'il puisse vivre.



Surtout, il est spécial par ce qu'il est : un seuil d'irritabilité particulièrement élevé, un excellent score de tolérance à la contrainte, un calme olympien. Quand je l'ai testé, les jours qui ont suivi sa sortie de quarantaine, je me suis dit qu'il n'y avait que deux options : soit il était déprimé, soit c'était Garfield. Mais il lui manquait environ 5 kg, une haleine de tholognaise périmée, et une tendance à râler du matin au soir, pour que je valide la deuxième hypothèse.





Gredin n'est visiblement pas déprimé non plus, d'abord parce qu'il est très curieux et explorateur (y compris quand ce n'est pas du tout une bonne idée, chaton oblige), et très joueur.






Surtout, ce qui permet de vérifier qu'un petit chat n'est pas déprimé, c'est sa capacité à créer des liens d'attachement, à rechercher ensuite ses êtres d'attachement, et à communiquer avec ses différents partenaires sociaux. Et à ce niveau-là, rien à redire : Gredin nous aime beaucoup, et comme je le disais dans un précédent billet, il tient mordicus à nous grimper dessus à la moindre occasion.







Cette manie explique bien des choses : pourquoi il est à peu près impossible à une personne seule de le photographier (sauf à ruser en l'occupant ailleurs avec un autre chat/son reflet, car les chatons sont crédules à cet âge), mais aussi pourquoi Guillaume, qui la goûte fort peu, a surnommé le Quatrième Chat "Hot Lava", en référence à ce jeu stupide mais rigolo où on fait semblant de croire que le sol est fait de lave bouillante (pour les mélomanes, c'est aussi le nom d'une bonne chanson de South Park).





Gredin se montre tout aussi exemplaire dans ses rapports avec les autres nimos. Entre chats, ça se passe parfaitement bien, y compris avec Max, qui peut parfois mener la vie dure aux autres. Gredin sait exactement comment s'y prendre, et me rappelle par bien des aspects, dans sa façon de gérer les autres chats et les chiens, notre exceptionnelle Saori. Tous deux sont issus de la même culture féline, celle des chats libres, de ces communautés demi-sauvages qui prolifèrent là où on les nourrit : ni félins solitaires de campagne, ni minous choyés dans un foyer attitré. Il y a quelques mois, nous en discutions avec mon amie Anna, elle aussi passionnée de chats, et nous étions toutes deux d'accord pour dire que de tels chats présentent presque à coup sûr des aptitudes sociales hyperdéveloppées ; en tous cas, en intraspécifique ; parce que leurs rapports avec les humains ne sont pas toujours si simples. Le très grand calme de Gredin et le fait qu'il déteste les jeux sociaux et ne joue quasiment qu'avec des objets (et pas des parties du corps de ses pairs) aide vraiment bien à une intégration rapide dans le Nimalhood.



Je craignais d'ailleurs pour Gredin une tendance à l'exclusivité dans ce domaine : qu'il nous accepte nous, ses humains du quotidien, mais qu'il soit inquiet et timide à l'excès envers les autres. Alors, le jour de son premier vaccin, je l'ai ensuite emmené passer l'après-midi avec mon père, mon frère et mes grands-parents, et il m'a démontré qu'il aimait bien tout le monde, du moment qu'il avait le droit de s'installer sur les genoux.



Avec les chiens, tout se passe bien. Metis ne souhaite pas pour l'instant avoir de contacts avec lui, ce que Gredin comprend et respecte parfaitement. Fast l'a adoré dès le début, il se montre parfois tellement pressant que Gredin lui met des claques, mais Gros Chien ne semble pas s'en apercevoir (Fast est le seul à encaisser les jeux avec Max, c'est vous dire le niveau de tartes dans la tronche qu'il arrive à avaler). Mugen joue parfois timidement avec lui. Gredin déteste les jeux de bagarre, même entre chats, Mugen s'est donc adaptée et le jeu consiste plus ou moins à faire des révérences et à remuer la tête en cadence tandis que le chaton saute autour d'elle.



Voilà, c'est notre Gredin. Il est bizarre, trop petit pour son âge, il a un gros pif et une queue de rat. Il est idéal, le rêve fait ange, il est le chaton juste exactement fabriqué pour nous. Juste celui qu'on attendait.

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