Vous rêvez d'un humain plus rapide, plus précis, plus concentré, plus appliqué, plus motivé, plus connecté ? Vous souhaitez améliorer les performances de votre meilleur ami, aussi bien à la maison que sur les terrains ? Amis chiens, Fast et Mugen vous livrent quelques pistes pour booster votre humain de compagnie, qu'il soit agilitiste ou promeneur du dimanche.
"Sa lenteur me désespère !", "qu'est-ce qu'il peut être têtu...", "il comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps", "mais il est aveugle, en plus d'être sourd, ma parole !", "j'ai beau être le plus motivant possible, il REFUSE de travailler". Ces pensées vous sont familières ? Rassurez-vous, même les plus grands éducateurs humains ont vécu le découragement face à l'inertie humaine. Avant toute chose, ces quelques éléments de biologie comparée vous permettront de mieux comprendre, pour mieux accepter...et mieux entraîner !
Les humains sont globalement plus grands, plus froids et moins denses que nous. Leur coeur bat très lentement. A masse musculaire égale, ils développent quatre fois moins de puissance que nous. Leur centre de gravité est absurdement haut placé et leur mode de déplacement consiste à tomber d'un membre inférieur sur l'autre. Leur fréquence de vision est bien moins élevée que la nôtre ; ils entendent environ quatre fois moins bien que nous ; quand à leurs capacités olfactives, elles sont si ridiculement faibles que je préfère ne même pas les mentionner.
Et, malgré tous ces handicaps, ils tâchent vaille que vaille de nous suivre et de nous aimer depuis la nuit des temps. Alors, témoignons au moins un peu de bienveillance devant les efforts déployés : la prochaine fois que vous observerez vos loulous ramer pour jouer au frisbee, rappelez-vous qu'ils ne voient que 16 images/sec, que leur course n'est qu'une succession de trébuchements rattrapés en catastrophe, mais qu'ils essaient tout de même, de toutes leurs pauvres forces. Emerveillez-vous de leur volonté, au lieu de vous agacer de leurs faiblesses ! Et travaillez à augmenter leurs capacités : la bovin-attitude n'est pas une fatalité !
Relation et motivation commencent par le jeu
Pour construire une belle relation avec votre humain, n'hésitez pas à user et abuser du jeu commun. Et pour cela, vous devez bien connaître votre humain, afin de lui proposer le jouet suprême, celui qui l'amènerait à vous suivre au bout du monde. Certains humains hyper joueurs de nature se laisseront immédiatement tenter par une balle, un frisbee ou un tug. Ne boudez pas votre plaisir ! Pour d'autres, moins joueurs, vous devrez être plus inventifs : livres, rouleaux de sopalin, coussins, pourquoi pas crottes de chats et mulots crevés durant vos balades ? Quand vous aurez trouvé LE jouet qui le fait bondir vers vous en frémissant d'excitation, vous avez gagné ! Pour les cas les plus difficiles à motiver, il vous faudra peut-être en venir à des jouets plus naturels pour eux, afin de titiller leurs instincts les plus primaires : les pièces d'habillement et les télécommandes feront merveille. Ici, le jouet de motivation ultime qui fait bondir notre mâle, c'est la manette de Playstation. Notre petite femelle ne résiste pas quand on lui présente une basket Converse : c'est l'appel du vintage !
Une fois votre humain amoureux de son jouet, présentez-le-lui le plus souvent possible : narguez votre humain, montrez le jouet, posez-le au sol, puis repartez avec à toute allure au moment où il tente de s'en emparer. Variez vos mouvements pour toujours surprendre votre humain et susciter son intérêt. Ne cassez pas sa motivation : n'oubliez pas de lui apporter le jouet et de le laisser le prendre à une fréquence suffisamment grande pour qu'il ne se lasse pas. Si vous rendez le jeu trop difficile pour lui, il ne voudra même plus essayer et se blasera. Il doit avoir le sentiment qu'il joue avec vous presque à armes égales, et même que le jouet lui appartient un peu. Rien de tel pour le motiver et construire une jolie association positive avec votre présence !
Gare toutefois : comme je vous le disais ici, certains humains très sensibles peuvent développer une obsession sur les jouets d'apaisement. Nous avons le souci avec notre petite louloute, qui ne peut pas entrer sur un terrain d'agility sans sa balle. Combien de fois avons-nous subi une longue et inconfortable attente devant la porte, l'humaine en bout de laisse, inconsolable, poussant de puissants pépiements d'alerte qui résonnent dans tout le club, jusqu'à ce qu'un de ses congénères lui vienne en aide ! (Pour plus de précision, se reporter à l'excellent ouvrage de Fast, "Amerd Jépadbal" - Stratégies coopératives et entraide chez un groupe d'agilitistes rhônalpins). Prudence donc avec les jouets : ils doivent être des leviers de motivation, pas des motifs d'obsession.
Quand vous avez le sentiment que votre humain est fou de vous et que vous êtes le centre de son univers, vous pouvez augmenter le niveau de difficultés en ajoutant des distractions extérieures : congénères et sonneries.
Le confronter aux distractions : les congénères
Les humains ne sont pas tous égaux devant leurs congénères. Nous avons ainsi deux profils diamétralement opposés : notre femelle n'est pas naturellement très portée sur ses semblables. Quand on l'amène au club, elle n'a qu'une idée en tête : coopérer, nous satisfaire. Elle a une énorme volonté de plaire et un excellent mental de travail. A tel point qu'elle se montrerait presque agressive avec les autres humains quand elle est au boulot ! "Ne pas déranger svp !" La petite coquine ! Nos amis savent qu'il vaut mieux ne pas trop laisser leurs humains s'approcher quand elle bosse...
Avec notre bonhomme en revanche, nous n'avons aucun souci de sociabilité, bien au contraire. Dès l'arrivée au club, son radar à copains s'enclenche, et il a les yeux qui crient "café" dès qu'il en croise un. Une vraie galère de le garder un minimum concentré sur nous...
La solution ? Lui apprendre à répondre immédiatement à un signal de votre choix, qui vous permettra de le reconnecter. Vous pouvez employer la technique du happy trick que nous évoquions ici, mais il est également intéressant d'avoir un signal spécifique pour lui signifier de s'occuper de vous et de vous uniquement. Comme toujours, on procède par étapes : pour un humain peu sensible en début d'entraînement, je vous recommande un signal hyper lisible et très clair. Tirer sur la laisse en sautant partout fonctionne très bien ; certains jours de grande distraction, Mugen se voit obligée d'y ajouter des aboiements pour vraiment reconnecter son mâle et se faire offrir une séance de marche au pied connectée avec fromage et tug. Une fois que votre humain a bien compris le signal et y répond à tous les coups, vous pouvez l'effacer graduellement, ce sera beaucoup moins fatigant pour vous que d'avoir à gesticuler en râlant chaque fois que vous voulez le remettre sur vous. Ainsi, pour notre femelle qui a de bonnes dispositions et un apprentissage bien mené derrière elle, Fast a juste besoin de haleter discrètement pour qu'elle se refixe proprement, se remette au boulot, et propose de l'eau/de l'ombre/une caresse/une séance de jeu, ou toute autre initiative adaptée.
Le confronter aux distractions : les sonneries
Le deuxième type de distractions qui pose traditionnellement problème, ce sont les sonneries. Sonneries de four, de téléphone, de porte d'entrée... Les humains sont génétiquement programmés pour réagir aux sonneries. C'est un instinct primaire très ancien. Ne vous leurrez pas : vous ne pourrez totalement effacer une telle réaction atavique. Mais avec une bonne relation, et beaucoup de renforcement positif, il est possible d'amener un humain à réagir moins fort, voire à différer sa réaction. Vous saurez que la partie est gagné le jour où il tendra l'oreille, puis vous jettera un regard en soupirant et attendra que vous ayez fini votre sieste sur ses genoux pour se lever. Ou bien, s'il tourne la tête un instant, puis se reconcentre sur le ballon et sur vous, et joue encore quelques minutes avant de s'éclipser. De tels efforts d'autocontrôle doivent être fêtés, renforcés comme il se doit : sachez récompenser l'intention.
Un point particulier sur la sonnerie de la porte d'entrée, annonciatrice de visites d'autres humains. Cette sonnerie-là est tout spécialement excitante et fait monter la pression instantanément. Nous vous recommandons un travail constant et cohérent dès le tout premier jour, si vous ne voulez pas devenir la cinquième roue du carosse. Les humains, sous le coup de l'émotion, peuvent agir impulsivement, et oublier la règle de base (à savoir : le chien d'abord, toujours et en toutes circonstances).
Appliquez simplement le même principe que pour tout autre comportement indésirable : faites en sorte que ce ne soit en aucun cas gratifiant pour votre humain de mal se comporter, de vous oublier. Ainsi, il ne pourra pas s'autorenforcer, et le comportement s'éteindra de lui-même ! Vous le savez : les humains sont de très malins petits opportunistes.
A la maison, nous leur laissons le choix : soit ils se comportent comme de gentils humains civilisés et s'occupent de nous dès que la sonnerie retentit, en nous installant dans un lieu agréable et calme, bien pourvu en nourriture, jouets et matelas confortables... soit ils distribuent à leurs invités des cuissardes de pêche, des coquilles de protection et des casques anti-bruit. Cette méthode a fait ses preuves : nos humains sont parfaitement contreconditionnés désormais. Quand le carillon retentit, il n'ont pas un regard pour la porte d'entrée, mais bondissent vers nous avec célérité. Le chien d'abord, toujours et en toutes circonstances.
Discrimination auditive et jeu du on/off (par Mugen)
Pour augmenter encore davantage la connexion entre votre humain et vous, ses capacités de concentration, et son acuité, tout en s'amusant, voici un petit jeu très rigolo et qui a fait ses preuves : la discrimination auditive.
Comme toujours, on démarre graduellement. Habituez votre humain à un bruit de machouillage courant, tel que celui du Kong : "squitchsquitch". Il doit y être parfaitement désensibilisé, ne plus y réagir du tout. Vous passez ensuite à la deuxième étape : proposez-lui un bruit de machouillage tout à fait autre. Veillez à ce qu'il soit très facile à identifier et à discriminer du "squitchsquitch". Personnellement, j'aime bien démarrer avec un chat : quand on le machouille, ça fait "meoooowwwfftttfftttffffttt", ce qui rend l'exercice hyper accessible pour n'importe quel humain, même bouché à l'émeri. Normalement, votre humain doit bondir de son siège (ou lâcher sa casserole, ou se couper en se rasant) avant de se précipiter vers vous. Grosse fête, félicitations, bon pépère ! Le chien d'abord, toujours et en toutes circonstances.
Augmentez progressivement la difficulté en passant à des objets de consistance de plus en plus proches du Kong : écharpes en mousseline ("froutchfroutch"), comprimés pelliculés ("croutchcroutch"), coussins ("scratchscratch"), chaussures de running ("squicksquick"), gants de chevreau de Belle-Maman ("quitchquitch")... avec, à chaque fois que l'humain discrimine correctement, beaucoup de renforcement de votre part.
Au fil des progrès de votre humain, variez les plaisirs et les situations pour ne pas émousser son intérêt. Par exemple, l'haltère en caoutchouc qui couine à 115 décibels ne le fera probablement pas réagir en pleine journée ; mais à trois heures du matin, le succès est garanti ! Vous verrez comme votre humain sera heureux d'avoir offert une réponse tonique et immédiate !
Votre humain y gagnera d'excellentes capacités de connexion et de concentration, mais aussi de l'explosivité, et la capacité de switcher du "off" (léthargie liée au sommeil ou aux consoles de jeu) au "on" (tous sens en éveil, oreilles frémissantes, muscles bandés). En bref : vous vous forgez un humain aware. Le mien est tellement aware, qu'il bondit parfois sur ses pieds en pépiant à pleins poumons parce qu'il a perçu une modification anormale dans la qualité du silence. Vigilance, attention, connexion au chien poussées à l'extrême par des mois d'entraînement. Mon Super-Humain ! Et vous, qu'attendez-vous pour entraîner le vôtre ?
Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir avec votre humain !
Fast,
Educateur humain
(avec l'aimable collaboration de Mugen, instructrice certifiée en discrimination auditive et awareness)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire