mercredi 10 janvier 2018

L'eutha de 18 h 30

Le téléphone.
La voix lourde de larmes.
On s'arrange pour ce soir.
On s'arrange toujours.
Parce qu'on ne fait pas attendre quelqu'un chez lui en face de son chien une fois qu'il a décidé.
La porte qui s'ouvre sur la nuit du dehors.
Bonsoir.
Le chemin de croix jusqu'à la salle de consultation.
Un pas.
Un autre.
La tête si pesante qu'elle touche presque terre.
La porte se referme.
La cliente. Seule.
La laisse à la main.
Sa fuite, sa fuite éperdue loin des mains professionnelles, loin du lieu d'amour et de mort.
Carrelage blanc.
Néons tristes.
Cadavre paisible.
C'est si petit, un grand chien, lorsqu'il ne lui reste que le strict nécessaire à la vie.
Ca se réduit à pas grand'chose.
Un corps fragile, de longues pattes grêles autour de la cage thoracique hérissée.
Et toujours une bonne grosse tête de boxer.
Sac plastique.
Marqueur.
Etiquette.
C'est si lourd, un  chien squelettique, quand on s'attendrait à ce qu'il ne pèse plus rien.
Le dernier simulacre de câlin.
Clés.
Froid.
Congélateur.
Noir.




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